Le temps est malade sur cette Terre. Il court trop vite ou trop lentement.
Prendre le temps est devenu un luxe que peu de personne ose se payer.
J’ai moi aussi oublié que je ne pouvais pas vivre sans respirer. Etre au servir des autres me suffisais. Mon coeur est énorme mais je n’ai plus d’air pour le faire battre.
Est-ce que c’est trop tard?
J’entends mon cœur battre très vite, je sens le sol qui tourne et je vois mes larmes coulées. Je ne peux plus marcher ni inspirer mais mon téléphone lui s’affole toujours, mon portail s’ouvre tout seul et le tambour m’appelle en vibrant de toute sa peau.
Je m’écroule au sol. Je ne peux plus bouger. Je ne respire plus. Mon corps physique ne peux plus écouter mon corps émotionnel ni mon corps énergétique qui a été trop gourmand. Mon mental, lui, ne dit rien, il pense à tous ces gens qui attendent depuis si longtemps, à toutes ces personnes en souffrance. Mon mental me juge, me blesse alors qu’hier il me disait de faire mieux et plus.
Je rampe jusqu’à l’horloge et la fracasse contre le mur, je vole toutes ses belles montres et les cachent sous le canapé, je fuis cette lune splendide dont tout le monde parle et je fais jeuner mon estomac.
Je veux le vrai temps, celui dont mon âme a besoin pour être heureuse, ni trop vite ni trop lent.
Je m’allonge sur le carrelage froid et j’attends de me perdre dans les fissures du plafond. Le mauvais temps me guette en me rappelant la souffrance des autres, mes engagements et mes capacités mais je ne lâche pas, je suis libre de choisir. Il fait noir, ma tête tourne de plus en plus, on m’appelle je le sais mais je ne réponds pas, je ne les regarde pas, je cherche juste à m’agripper au joints du carrelage parce que je sais maintenant que ce n’est pas dans cette dimension dans laquelle je souhaite vivre.
J’y crois encore, je hurle de toute mes forces, je pleurs toutes mes larmes et je roule au sol pour traverser le temps. Je passe plusieurs dimensions mais ce n’est toujours pas celle que je cherche. Je suis loin de chez moi. Comment ai-je fait pour m’éloigner autant? J’ai soif. Je ne sais plus où je suis, ni quelle heure il est.
Enfin.
Je te tiens. C’est ici que je veux vivre, avec toi, éternel instant présent. Garde moi pour toujours, attache moi s’il le faut car je ne crains plus la douleur, je respire enfin, je revis, le temps est doux et plaisant. Ca respire l’amour !
Que dois-je faire pour ne plus voyager ailleurs qu’ici? Là-bas, le temps n’est qu’illusion et souffrance.
Je me relève doucement et heureuse en regardant le sol souillé par ce voyage fatiguant.
Je constate qu’il est douloureux de se perdre mais ne faut-il pas explorer toutes les dimensions pour choisir celle qui nous convient le mieux ?
NOTA
Je suis désolée pour tous les gens à qui j’ai dû annuler leur séance, je suis désolée pour toutes les personnes à qui je n’ai pas répondu pendant des jours.
Je ne suis pas désolée d’expérimenter la vie, de recadrer mon espace ni de tomber au sol. Je suis heureuse que ça déborde parfois pour ressentir le poids qui est à lâcher.
Rien ne sera plus pareil, rien n’est déjà plus pareil car je SUIS.